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SAISON PUBLIQUE

Jean-François Tobias, restaurateur de pianos historiques

Jean-François Tobias est un passionné, intarissable sur l’histoire du piano et de sa facture. Nous l’avons rencontré alors qu’il venait d’installer à la basilique les deux pianos historiques requis, en plus d’un harmonium, pour la Petite messe solennelle de Rossini. Elle était interprétée par le Coro Ghislieri, dirigé par Giulio Prandi en clôture des Rencontres musicales 2022.

Selon vous, qu’est-ce qu’un piano “historique” ?

C’est un instrument qui a une histoire à raconter, qui a du vécu. Ce qui m’intéresse, c’est de permettre aux pianistes de jouer sur des instruments contemporains de l’œuvre du compositeur. Ils ont écrit en fonction de la personnalité des instruments qu’ils avaient sous les doigts ; les interprètes aiment ces pianos parce qu’ils les font remonter à la source des œuvres.

Quels pianos avez-vous choisi pour la Petite messe solennelle parmi ceux, que vous possédez ?

Il s’agit de deux Erard, des instruments au son clair et plutôt court : un grand modèle de 1853, et un plus petit, de 1847. Erard a été le principal facteur français du XIXe siècle, et a véritablement révolutionné la conception du piano. Ses instruments étaient connus et reconnus dans le monde entier. Le grand piano que je viens d’installer à la basilique porte le numéro 20 997 ; ce qui veut dire que, quand Steinway s’est installé aux États-Unis en 1853 – et a donc fabriqué son numéro 1 – Erard avait déjà conçu près de 21 000 instruments ! 

Il paraît que vous possédez une collection de plus de 200 pianos d’époque…

C’est exact, des pianos que les gens abandonnent. Souvent, ils n’ont pas été joués depuis des lustres, et sonnent très mal alors qu’il suffit de peu pour les “réveiller”. Mon objectif est de les restaurer et de les faire circuler ; je ne suis pas un musée. J’évite que ces pianos s’abîment. Je ne les restaurerai pas tous, mais ensuite, il y aura du travail pour les prochaines générations. D’ailleurs, avec des collègues, nous sommes en train de monter, à Briare (Loiret), un projet de Cité européenne du piano historique, qui aurait pour but de former des apprentis à la restauration, pour transmettre ces savoir-faire artisanaux. 

Comment envisager ce travail de restauration ? 

De notre point de vue, on conserve tout ce qui marche, on répare ce qui est cassé. Comme sur une voiture, un piano comporte des pièces d’usure, comme les marteaux. Dans tous les cas, quand c’est nécessaire, on remplace avec du neuf, en conservant l’état d’esprit initial. C’est-à-dire en utilisant les mêmes bois, les mêmes colles animales, les mêmes vernis au tampon… On respecte l’instrument pour pouvoir le transmettre aux générations futures.

Photo : Jean-François Tobias © Thomas Derais – République du Centre


RMV… live !

Étudiant en audiovisuel le jour, dormeur la nuit, Kiéran Trinel se déplace rarement sans son vélo et sa caméra, partant à la recherche de la poésie cachée dans la vie de tous les jours.