3 questions à... Pascale Barathon

Vous décrivez souvent votre père Jacques Barathon comme un entrepreneur… Mais le terme d’entrepreneur n’évoque pas de prime abord le milieu artistique dans lequel il a évolué tout au long de sa vie. Pouvez-vous, en quelques mots, expliquer cette définition ?

C’est bien pour cette raison que j’emploie ce terme d’entrepreneur car Jacques n’a cessé de créer des entreprises au sens strict (magasin de musique, studio d’enregistrement, plus tard maison d’édition musicale). Il a aussi ouvert des établissements de formation musicale et a été à l’initiative d’un certain nombre d’associations ; un esprit créatif qui ne se limitait pas à la création artistique mais savait transformer son environnement et toujours inventer du nouveau.

Vous êtes très attachée à faire vivre l’esprit et la musique de Jacques Barathon. Quelles caractéristiques de son écriture vous paraissent essentielles à transmettre ?

L’audace de son écriture qui se traduit d’abord par la qualité et la diversité de ses choix me semble en faire un compositeur tout à fait original. Ensuite ce qui est intéressant à mes yeux ce sont les libertés rythmiques et modales dont il a fait preuve. Cela s’explique par sa connaissance et son goût pour les musiques issues d’autres époques de l’histoire (le chant grégorien par exemple pouvait l’inspirer). Pour autant, il était très ancré dans son siècle, admirant ses prédécesseurs tel Olivier Messiæn dont il étudiait et faisait étudier l’écriture à ses élèves. Enfin son goût pour les musiques populaires d’ici et d’ailleurs lui permettait de varier ses propositions rythmiques.

Quelles influences musicales et poétiques traversent l’œuvre de Jacques Barathon ?

Ses influences musicales sont très diverses : grégorien, jazz, musiques populaires, polyphonies de la Renaissance… Son maître absolu était Jean-Sébastien Bach. Il s’est particulièrement intéressé à Claude Lejeune, lui consacrant quelques années de travail avec l’ensemble vocal Le Beau du Monde. Concernant le XX^e siècle, il avait beaucoup d’admiration pour Claude Debussy, Francis Poulenc et d’autres musiciens français dont il se sentait l’héritier, tout en s’intéressant également à Luciano Berio, John Cage et toutes les recherches contemporaines. Il était aussi ouvert aux musiques extra-européennes, pouvant inclure dans ses compositions des soli de chant diphonique par exemple. À l’image des influences musicales, Jacques était inspiré par un grand nombre de poètes qu’il a bien servis par sa manière de respecter leur écriture. Des grands auteurs tels que Pierre de Ronsard, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Khalil Gibran, Robert Desnos, Raymond Queneau ont pu être à l’honneur, mais aussi des poètes proches de lui comme Daniel Reynaud et Éric Gautier, avec qui il a beaucoup collaboré.