Categories
Actualité

3 QUESTIONS À MANU DOMERGUE

Amener le public à s’éveiller au plaisir des choses et à laisser libre cours à l’improvisation, c’est le pari réussi du vocaliste Manu Domergue et de son atelier « Sensation Scat ». Zoom sur ce moment participatif proposé dans le cadre des Rencontres musicales…

Comment avez-vous découvert le scat ?

J’ai découvert le scat quand j’avais 13 ans avec un disque de Chet Baker, célèbre trompettiste et vocaliste de jazz. À l’époque, j’étais corniste, je jouais du corps d’harmonie et j’étais très intéressé par le chant. J’ai pu m’identifier au travail de Chet Baker et me dire qu’il était possible de faire de la voix, de l’instrument et d’improviser. La découverte de l’improvisation a provoqué un changement drastique de ma vision de la musique.

Considérez-vous que vous chantez ou que vous jouez avec la parole ?

J’aime bien l’effacement des limites, me considérer comme un chanteur-instrumentiste, un instrumentiste de la voix. Je fais le distinguo entre le chanteur et le vocaliste, celui qui utilise la voix comme un instrument, c’est-à-dire d’une façon un peu dégagée du sens des mots, mais qui exprime un sens mélodique, comme lorsqu’un instrument improvise.

Vous animez un atelier « Sensation Scat » à Vézelay : comment amener les gens à oser cette expression différente du chant au sens traditionnel du mot ?

Ça reste du chant, d’aspect plutôt inhabituel. Le but est d’amener les participants à oser quelque chose
qu’ils ne connaissent pas, à savoir improviser, s’aventurer sur un terrain non écrit. C’est l’enjeu de toute
vie, d’aller à la découverte de l’inconnu pour grandir, pour en savoir un peu plus sur soi-même. Il s’agit
pour moi d’éveiller au plaisir de choses qui ne sont pas écrites à l’avance.
D’un point de vue pédagogique, j’improvise aussi, ça ne se passe jamais de manière identique.
Le cerveau a des mécanismes de défense qui allument la « sonnette d’alarme » quand on va vers quelque chose d’inconnu, que l’on interprète comme présentant un risque d’échec.
L’enjeu, quand on veut emmener les gens dans l’improvisation, c’est d’aller plus vite que leurs réactions de défense – il n’y a aucun danger, on ne risque pas de se blesser !
Il faut trouver le bon rythme pour que les gens entrent dans le processus avant d’avoir eu le temps de se
dire « est-ce que je vais y arriver, est-ce que ce sera bien ? », etc.
Et si ça n’a pas marché la première fois, on passe un coup de balai et on continue !

Retrouvez Manu Domergue au côté l’ensemble Exeko ce soir à 18h à la terrasse de la basilique (concert gratuit).

Propos recueillis par Lukas Dutaud de l’équipe RMV live

LUKAS DUTAUD
Passionné par la musique et particulièrement la pop culture, Lukas Dutaud ne manque pas un seul concert. Curieux de naissance, il est animé par les voyages et la photographie.

PS : si vous voyez quelqu’un avec un appareil photo à la main, c’est sûrement lui !

Vidéo © Christophe Cornubert