L’idée d’associer des voix d’hommes avec des percussions de toutes sortes est pour le moins étonnante. Comment vous est-elle venue ?
Nous sommes originaires de Saint-Étienne et de ses alentours, un important bassin ouvrier, et nous voulions reproduire un peu de l’ambiance ouvrière. Le fondateur du groupe avait eu un coup de cœur pour des polyphonies du sud-ouest de la France et c’est ainsi que nous avons eu l’idée de mélanger le chant et les racines ouvrières. Comme nous ne savions pas jouer de beaucoup d’instruments, nous avons chanté puis nous nous sommes mis à taper sur ce qui nous tombait sous la main. Nous avons fait appel à un copain qui bricolait des voitures, il y avait pleins de trucs chez lui qui ne servaient plus à rien, on s’est mis à taper sur des jantes, sur des pots d’échappement… On a ajouté des clés à molette, ou plutôt non, des clés plates. Coup de pot, on a même mis la main sur une jante qui donne le la et qui nous sert de diapason ! Nous avons fait de la « récupercussion » ; reste que si nous avons testé beaucoup d’objets, il y a eu énormément de déchet.
Votre répertoire offre un véritable voyage à travers les siècles, mais aussi les régions de France. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos choix en la matière ? Comment définiriez-vous votre style ?
Au tout début du groupe, il y a six ans, nous avons collecté pas mal de chants venant de la vallée de Bigorre. Puis, on s’est mis à chercher un peu plus loin : des chants du Québec, de Savoie, des bourrées d’Auvergne… Assez vite, s’est posée la question de ce que l’on chante, il y a des sujets qui reviennent beaucoup sur des thèmes du quotidien, on voulait assumer tout ce qu’on chantait et on a affiné les choses en ciblant les chants inspirés par le travail ou l’amour. Le thème du travail est riche et toujours d’actualité : ça chante le quotidien de plein de gens et ça nous a parlé parce que c’est transposable aujourd’hui, quand on regarde la vie des classes laborieuses. Comment définir le style musical des Mécanos ? Néo-trad, c’est peut-être la formule la plus juste, ou ce qui s’en éloigne le moins en tout cas. Quant aux percussions, les gens ne retiennent souvent de nous que les jantes, les clés, etc., mais nous jouons aussi de vrais instruments.
Vous participez pour la première fois aux Rencontres musicales, quel programme avez-vous préparé ?
Il s’agit d’un programme qui a déjà beaucoup tourné. À la fin de l’année sortira un nouvel album, intitulé « Usures », parallèlement au démarrage de notre nouveau spectacle. On y trouvera plein de choses : quelques compositions, quelques arrangements repris d’autres groupes qu’on a laissés tels quels. Il y aura vraiment de tout, ce sera une sorte de voyage du Québec au sud de la France. Nous sommes en tout cas très heureux de nous produire à Vézelay et d’amener avec nous les langues de nos aïeux dans une région qui a un passé linguistique différent.
Propos recueillis par Anouk Garcia de l’équipe RMV live
ANOUK GARCIA
Amatrice de vidéo et passionnée par la culture, Anouk est toujours à l’affût des dernières tendances, qu’il s’agisse de mode, de musique ou d’art. Elle aime explorer ce qui est esthétiquement captivant et est constamment à la recherche de nouvelles expériences. Découvrir de nouveaux artistes, vivre des moments uniques et capturer la beauté sous toutes ses formes, c’est ce qui l’anime au quotidien.
Photo © Wilfried Marcon