Rencontre avec Olena Radko

Olena Radko

Avant l’invasion, Olena Radko vivait à Kiev et travaillait comme directrice du théâtre académique de marionnettes de Kiev. Elle a également dirigé le chœur de chambre amateur « MORAVSKI » pendant cinq ans. Olena – cheffe d’orchestre et cheffe de chœur avec 20 ans d’expérience – a commencé à faire ce qu’elle aime depuis la deuxième année d’études à l’Académie de musique de Kiev.
Après l’invasion, la cheffe de chœur et sa famille ont quitté Kiev et se sont retrouvés à Cracovie pour s’y installer. Olena admet que les débuts ont été extrêmement difficiles, car la famille a changé cinq fois d’appartement à Cracovie. « Rien n’arrive par hasard dans le monde. Une famille, dans laquelle j’ai vécu pendant un certain temps, m’a aidée à trouver un endroit permanent où rester et travailler. La conviction que tout sera terminé dans un mois et que la famille reviendra à la maison a disparu. La question du financement de la famille s’est posée. « J’ai essayé de trouver un emploi, mais c’est très difficile sans une bonne connaissance de la langue », souligne Olena. Au printemps, les enfants sont allés à l’école et la cheffe d’orchestre a consacré tout son temps à la recherche d’un emploi et à l’organisation de cours de musique pour les Ukrainiens avec des enfants en bas âge. »J’ai eu la chance de faire la connaissance de trois merveilleuses familles polonaises, qui ont eu un impact considérable sur notre vie », raconte Olena.

Grâce à une chaîne de connaissances et de recommandations, elle a réussi à obtenir un entretien avec le directeur de la Philharmonie, Mateusz Prendota. C’est lui qui a proposé de créer un chœur d’enfants ukrainiens à la Philharmonie de Cracovie, dont Olena est devenue la cheffe de chœur. « C’était une initiative de la Philharmonie et de son directeur, il voulait vraiment aider les Ukrainiens, rendre la vie des petits réfugiés meilleure ». À première vue, il s’agit d’une idée assez risquée : former un chœur d’enfants ukrainiens dans un autre pays. La question s’est posée de savoir s’il y aurait assez de monde pour se joindre à eux », poursuit la jeune femme. Mais les enfants ont été plus nombreux que les organisateurs ne l’auraient imaginé. Pour rassembler les enfants, une annonce a été diffusée sur les réseaux sociaux, les groupes ukrainiens et les chats, ainsi que sur le site web de la Philharmonie. Le chef d’orchestre a déclaré : « Presque tous ceux qui sont venus sont restés dans la chorale ». Les enfants qui ont de l’expérience et ceux qui n’ont jamais chanté auparavant viennent aux cours de chorale. Certains parents ont également participé au travail de la chorale. L’une des mères s’est avérée être une pianiste et a joué gratuitement pour les enfants pendant les cours. Olena remarque : « C’est aussi important pour les parents que pour les enfants. Ils sont ici dans leur environnement, ils se sentent comme chez eux. Tout d’abord, grâce à la langue, car lorsque vous arrivez quelque part et que vous entendez de l’ukrainien, vous aimez immédiatement ces gens et vous leur faites confiance. »

La chorale compte des membres de toutes les régions d’Ukraine. Le programme est rapide et chargé, de sorte que les enfants travaillent au même niveau que les artistes professionnels. Actuellement, la chorale se réunit deux fois par semaine pour répéter. « Dès le début, j’ai compris qu’il y aurait des enfants de différentes villes et régions, et le plus important était de faire en sorte qu’ils se sentent libres ici. Je veux qu’ils soient simplement des enfants, avec leurs besoins et leurs souhaits. Je veux qu’ils se sentent aimés ici et qu’ils aient envie de revenir encore et encore. La devise de ma vie : il doit y avoir de l’amour dans une équipe. Après chaque répétition, nous nous embrassons – c’est notre tradition », déclare la cheffe de chœur.