Maëlle et Florian, pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a amené à cette activité de musicien intervenant en milieu scolaire ?
M. : En parallèle de mes études à l’ENM de Villeurbanne en chant lyrique, piano et théâtre, j’ai suivi le cursus du CFMI de Lyon où j’ai obtenu le diplôme de musicienne intervenante. Après mes études j’ai continué de partager mon activité entre pratique du chant lyrique, enseignement et interventions en milieu scolaire. Par ailleurs étant passionnée par les contes, je me suis lancée dans mon premier spectacle solo en 2019, Pom’pomme, en accordant une attention toute particulière à la création de l’univers scénographique et à la mise en avant de l’art lyrique.
F. : Je suis musicien et conteur auprès des jeunes et des très jeunes spectateurs depuis près de 15 ans. J’ai d’abord obtenu une licence de musicologie, puis le diplôme de musicien intervenant au CFMI de Lyon, avant d’intégrer en 2009 le collectif Enfance et Musique, label de référence dans l’éveil artistique de l’enfant. Ce qui m’a donné envie de créer en 2013 avec Béatrice Maillet, Emmanuel le Poulichet et Gentiane Pierre, la compagnie Du Bazar au Terminus dont j’assure depuis la direction artistique.
Vous créez tous les deux des spectacles, imaginez des histoires incroyables, où trouvez-vous l’inspiration et vos idées ?
M. : En plus de ma formation classique, j’ai grandi dans les contes, les légendes et la musique celtique. Ces univers se croisent facilement dans mes précédentes réalisations et constituent mes principales sources d’inspirations. En étant au contact des enfants depuis 2006, je puise aussi mon inspiration de leur émerveillement. J’aime créer des formes comme un voyage où l’esthétique et la musique ouvrent la porte du dépaysement et de tous les possibles. Ces formes me permettent de me connecter à l’univers des enfants mais aussi d’éveiller le rêveur qui sommeille en chacun de nous.
F. : On trouve dans mon univers, deux grandes influences, la première sont les musiques du monde qui, en invitant au voyage et à la rencontre, mettent en avant ce qui nous lie, nous relie, ce qui nous rend semblables. La musique est une autre façon d’entrer en relation, au-delà des cultures, des langues, au-delà même du langage lorsqu’il s’agit d’échanger avec un tout petit. La deuxième influence sont les arts de la parole, le conte. Je crée des spectacles avec l’objectif un peu fou, mais en toute humilité, de rendre le monde un peu plus joli, peut-être pour seulement pour quelques minutes. Par ces expériences sensibles partagées, j’essaie également d’aider parents et enfants à grandir ensemble.
Ce qui est intéressant dans le travail à deux c’est que nos univers différents se complètent et viennent enrichir d’autant plus notre activité de création.
Cette complémentarité artistique et cette envie de mettre l’humain au centre des enjeux de votre création vous l’exprimez au sein de la compagnie du Bazar au Terminus. Pouvez-vous nous en dire un peu sur cette compagnie ?
F. : Le Bazar au Terminus est né en 2013 de l’envie de jeunes (et de moins jeunes) musiciens, conteurs, professionnels du spectacle vivant, de fédérer autour d’un espace de création et de médiation à destination du tout petit, de l’enfant et de sa famille. Depuis 9 ans, le Bazar au Terminus crée donc des spectacles et ateliers pour l’enfance et la petite enfance qui sont diffusés sur Rhône-Alpes mais également dans la France entière et même jusqu’au Maroc.
Au-delà de votre engagement fort en faveur de l’éveil artistique des plus petits, comment définissez-vous l’identité de votre compagnie ?
F. : Notre engagement se fait notamment dans la construction du lien entre le parent et l’enfant, en venant les placer à égalité devant les valeurs fortes. Chacune de nos créations aborde les questions archaïques liées au développement de l’enfant : la résilience, l’attachement, la confrontation à l’autre… portées par un langage symbolique et poétique, une narration, un propos. Et nous défendons une démarche de création la plus ambitieuse possible pour une proposition artistique exigeante dès le plus jeune âge.
L’aboutissement du projet avec les écoles maternelles de Lons-le-Saunier verra la création de votre spectacle Allô la Lune. Comment est née cette création ?
M. et F. : le point de départ a été la rencontre en 2020 de nos deux univers artistiques et l’envie de travailler ensemble. Au départ, juste une thématique : la lune. Thématique qui a très vite donné lieu à une exploration bien plus large. Allô la lune est librement inspiré par les enfants de la lune, ces enfants vulnérables au soleil. En découle pour eux une obligation de « confinement » la journée. Bien entendu, cette notion de confinement résonne très fort avec la crise actuelle. Il est donc question d’enfermement mais surtout des ressources que l’on mobilise pour continuer de rêver et d’imaginer.
Nous nous sommes également inspirés de la pléthorique littérature jeunesse qui parle de notre satellite : Marie Dorléans, Jimmy Lio, Antoine Guillopé, Michel Van Zeveren.
Quelles sont les prochaines étapes de création ?
M. et F. : Aujourd’hui la scénographie et l’univers visuel sont quasiment arrêtés. Une partie de la partition musicale est déjà écrite. Nous avons encore plusieurs résidences de prévues avant la première du spectacle le 31 mai. Après le projet à Lons-le-Saunier et les deux représentations devant les élèves de maternelles, deux semaines résidence sont encore prévues pour l’adaptation du spectacle pour les tout-petits.
Les premières séances avec les élèves de Lons-le-Saunier approchent. Comment envisagez-vous cette rencontre ?
M. et F. : Au cours de ce projet nous souhaitons inviter les enfants au plus près de notre processus de création, en proposant des séances en lien avec l’avancée de l’écriture. Nous garderons une oreille ouverte à leurs propositions et réactions pour nourrir et faire grandir l’œuvre jusqu’à sa création publique.
En nous plaçant comme artistes mais aussi comme pédagogues, nous savons l’importance qu’il y a à impliquer les enseignants et à partager avec eux les ressources, notamment pour qu’ils puissent faire du lien entre nos séances mais aussi pour susciter de nouvelles propositions musicales.
D’autre part, nous avons un rôle et une responsabilité importante, ce projet sera pour la plupart le premier contact avec le spectacle vivant. Il y a quelque chose de très émouvant en tant qu’artiste de proposer des images, des sensations qui formeront le regard et les oreilles de ces petits spectateurs.
Merci à vous d’avoir répondu à nos questions. Un dernier mot à partager ?
Nous sommes heureux et fiers d’avoir été sollicités par la Cité de la Voix pour venir partager Allô la lune avec les enfants des écoles de Lons-le-Saunier. Ce projet qui met l’enfant au cœur de la création artistique et l’artiste au cœur de l’éducation artistique et culturelle du tout petit, donne tout son sens à notre travail et à notre engagement en direction du jeune public. Quelle joie !
Le CLEA (Contrat Local d’Éducation Artistique et Culturelle) de Lons-le-Saunier est un dispositif en partenariat avec la ville de Lons-le-Saunier, la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, la DSDEN du Jura.
Pour en savoir plus sur la compagnie : www.bazarauterminus.com