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SAISON PUBLIQUE

Magali Léger et l’Ensemble Contraste sont à l’affiche des Rencontres musicales de Vézelay samedi 27 août à 18h à la Terrasse. Arnaud Thorette, co-fondateur de Contraste, répond aux questions des RMV Live.

Comment vous est venue l’idée de rendre hommage à Joséphine Baker (1906 – 1975) ?

Joséphine Baker est pour nous une personnalité artistique et historique extrêmement importante. Quand je dis nous je pense au triptyque formé par moi, Magali Léger et Johan Farjot, pianiste et arrangeur qui dirige l’Ensemble Contraste avec moi. La personnalité de Joséphine Baker nous parle depuis très longtemps. Le Bal Blomet, un cabaret parisien inauguré en 1924 où l’artiste allait chanter, danser, s’encanailler, a été rénové il y a quelques années. Au moment de la réouverture du lieu, j’ai discuté avec le propriétaire qui est un ami de longue date et l’idée nous est venue de monter un spectacle autour de Joséphine Baker, personnalité iconique d’une salle où elle s’est souvent produite durant l’entre-deux-guerres. Au même moment, la Salle Philharmonique de Liège nous a proposé d’imaginer un spectacle autour de la chanteuse. Paris mon amour a en fait été créé en Belgique et nous l’avons ensuite repris au Bal Blomet il y a cinq ans environ. Quant à la collaboration avec Magali Léger, elle est bien plus ancienne : cela fait maintenant une quinzaine d’années que nous chantons, que nous jouons ensemble ; c’est donc aussi une histoire d’amitié et d’envie de projets qui puissent nous réunir.

Comment avez-vous construit le spectacle ? Quelle est la plus grande difficulté lorsque l’on veut rendre hommage à une personnalité aussi connue ?

Il ne faut surtout pas la copier, ne surtout pas chanter ou jouer comme elle le faisait à son époque. Elle chantait de manière très particulière avec des orchestres de jazz de très haut niveau ; il est impossible de faire la même chose et ce n’est pas du tout notre idée. Il a aussi fallu beaucoup se documenter. Magali Léger et moi-même avons lu beaucoup d’ouvrages, regardé beaucoup de concerts. Ce qui nous a intéressé c’est ceux de la fin de sa vie à Bobino, au Palladium de Londres, au Casino de Paris à la fin des années 60. Elle a fait des tours de chant incroyables, bien que déjà âgée à l’époque. Autre chose importante : Contraste a besoin d’humour, de réaliser ses propres arrangements ; nous avons notre pâte sonore, notre façon de faire qui est largement de la responsabilité de Johan Farjot, directeur musical de l’ensemble. Nous discutons beaucoup de la couleur instrumentale, de l’effectif, etc. Nous rendons notre propre hommage à Joséphine Baker avec nos arguments, notre personnalité et notre originalité.

Pourquoi le titre Paris mon amour ?

(Arnaud Thorette fredonne le célèbre « J’ai deux amours »…). Paris est vraiment la ville de Joséphine Baker, celle qui l’a fait connaître avec la « Revue nègre » entre autres. « Mon amour » c’est parce qu’elle parle tellement d’amour dans ses chansons, c’était une très grande amoureuse, elle aimait autant les hommes que les femmes, elle était tout le temps amoureuse. Je crois que le mot « amour » fait vraiment partie de sa personnalité. Elle aimait beaucoup son public aussi.

Sans titre, un spectacle n’existe pas. Quelquefois, je trouve des titres un, deux ou trois ans avant que le spectacle n’émerge ; j’ai besoin d’un titre pour pouvoir construire le contenu.

Avez-vous prévu d’enregistrer Paris mon amour ?

Nous n’avons pas souhaité faire de disque. Ce qui marche en concert ne marcherait pas forcément à l’enregistrement. Je ne suis pas convaincu du bien-fondé de faire des disques sur tous nos projets. Nous lui avons tout de même rendu un bel hommage et nous nous sommes fait plaisir en réalisant un petit film en noir et blanc qui évoque le Paris qu’elle a connu. De plus, nous avons demandé à Catel, l’auteure de la biographie dessinée de Joséphine Baker de réaliser deux créations à partir de la chanson « Quand je pense à ça ».

Les enfants de Joséphine Baker viennent de temps en temps à nos concerts. Ce spectacle nous habite depuis cinq ans maintenant, et nous l’avons déjà joué une vingtaine de fois cette année. Nous vivons avec Joséphine Baker : quel bonheur !


RMV… live !

Étudiant en licence info-com, fan de dessins et gribouillis en tout genre mais surtout fier bourguignon, Yann Raboanarivelo se propose d’apporter un regard neuf et authentique sur le festival, laissant sa plume et sa créativité vous subjuguer.